Cotonou Actu

Effondrement du Géant de la Traite : Ouidah en Émoi

Cotonou Actu, 14 Juin 2024 -Un arbre monumental du Bénin, reconnu comme un témoin de la traite négrière, s’est effondré au début du mois suite à une tempête, provoquant des questionnements et des suspicions parmi les habitants.

Dans la nuit du 2 au 3 juin 2024, une violente tempête a fait chuter « l’arbre aux enchères » de Ouidah, un lieu où, entre les XVIIe et XIXe siècles, se négociait le prix des captifs avant leur déportation vers les Amériques.

Cet arbre représentait une étape clé avant le départ des esclaves, similaire à « l’arbre de l’oubli », autour duquel les captifs devaient tourner plusieurs fois pour oublier leurs racines.

Outre son lien avec la traite négrière, Ouidah, un port situé à environ quarante kilomètres de Cotonou, est également le centre du vaudou au Bénin.

Oscar Kptenon, dignitaire vaudou et guide touristique, considère que la chute de cet arbre hautement symbolique est anormale. « Nous avons besoin d’explications », affirme-t-il. « Cet arbre a résisté à de nombreuses tempêtes, il y a quelque chose de suspect », estime-t-il.

Le gouvernement promeut la ville comme un site touristique de premier plan, particulièrement pour les descendants d’esclaves, et de nombreux monuments commémoratifs de la traite y sont érigés.

Une arche nommée la « Porte du non-retour » a été érigée en hommage à ceux qui ont été embarqués depuis la plage de Ouidah vers le Nouveau Monde.

« Nous venons de perdre un symbole emblématique, un témoin vivant de l’histoire de la traite des esclaves », déclare Tognon Adjovi, habitant de Ouidah.

Un dignitaire local, souhaitant rester anonyme, a confié à l’AFP que l’arbre ne s’est pas effondré de manière ordinaire, mais s’est littéralement fendu en deux, demandant une enquête approfondie.

Pour Mathias Kpehounton, un banquier retraité de 56 ans, il est normal qu’un arbre de cet âge cède sous une forte pluie.

Emilien Adjovi, employé dans l’hôtellerie de 38 ans, attribue cette chute à la négligence des autorités locales et gouvernementales, qu’il accuse de manque d’entretien et d’attention envers l’arbre.

Depuis l’effondrement de l’arbre, l’accès à la place aux enchères est interdit.